Cet article a préalablement été publié en anglais dans le journal The Hill Times.
Par Brian Forbes, président du Conseil national des associations d'anciens combattants au Canada (CNAAC) et président du comité de direction de l'Association des Amputés de guerre.
En ces temps difficiles et avec de nouvelles élections à l'horizon, les anciens combattants canadiens ainsi que leur famille garderont un œil sur les dirigeants fédéraux afin de déterminer quel parti a l'intention de s'engager pleinement à remédier aux lacunes et aux inégalités lesquelles sont toujours présentes dans la législation ayant trait aux anciens combattants.
Dans son programme législatif 2020-2021, approuvé récemment, le Conseil national des anciens combattants (CNAAC) a émis un certain nombre de recommandations majeures à l'intention du ministre des Anciens Combattants et des cadres supérieurs d'ACC afin de se pencher sur la discrimination et l'injustice (« l'éléphant dans la pièce ») présentes lorsque l'on compare la compensation financière offerte aux anciens combattants handicapés et à leur famille en vertu de la Loi sur les pensions et celle offerte en vertu de la Nouvelle Charte des anciens combattants/Loi sur le bien-être des vétérans.
Les principales recommandations du CNAAC sont les suivantes :
En plus des propositions fondamentales mentionnées précédemment qui concernent les principes directeurs généraux pour la réforme législative, les recommandations suivantes du CNAAC traitent de modifications législatives et politiques précises qui favoriseraient l'atteinte de cet objectif :
Comparons maintenant les régimes actuels de pensions et jetons un œil sur les mesures législatives qu'ACC offrirait aux vétérans et à leur famille si les propositions du CNAAC mentionnées ci-dessus étaient adoptées par le gouvernement.
Pour les vétérans pensionnés à 100 % (au taux d'indemnisation maximum)
Prestations (maximum par mois) | Vétéran qui vit en couple et a deux enfants | Vétéran qui vit en couple | Vétéran célibataire |
Pension d'invalidité | 4 294,00 $ | 3 639,00 $ | 2 911,00 $ |
Allocation d'incapacité exceptionnelle | 1 541,00 | 1 541,00 | 1 541,00 |
Allocation pour soins | 1 926,00 | 1 926,00 | 1 926,00 |
Total | 7 761,00 $ | 7 106,00 $ | 6 378,00 $ |
Prestations (maximum par mois) | Vétéran qui vit en couple et a deux enfants | Vétéran qui vit en couple | Vétéran célibataire |
Indemnité pour souffrance et douleur | 1 172,00 $ | 1 172,00 $ | 1 172,00 $ |
Indemnité supplémentaire pour souffrance et douleur | 1 528,00 | 1 528,00 | 1 528,00 |
Allocation de reconnaissance pour aidant | 1 043,00 | 1 043,00 | 1 043,00 |
Total | 3 743,00 $ | 3 743,00 $ | 3 743,00 $ |
Prestations (maximum par mois) | Vétéran qui vit en couple et a deux enfants | Vétéran qui vit en couple | Vétéran célibataire |
Indemnité pour souffrance et douleur | 1 172,00 $ | 1 172,00 $ | 1 172,00 $ |
Indemnité supplémentaire pour souffrance et douleur | 1 528,00 | 1 528,00 | 1 528,00 |
Prestations pour les familles (Loi sur les pensions) | 1 383,00 | 728,00 | 0,00 |
Allocation d'incapacité exceptionnelle | 1 541,00 | 1 541,00 | 1 541,00 |
Allocation pour soins (Loi sur les pensions) | 1 926,00 | 1 926,00 | 1 926,00 |
Total | 7 550,00 $ | 6 895,00 $ | 6 167,00 $ |
Il devient encore plus important de reconnaître les retombées de la politique de pension à vie, qui est entré en vigueur le 1er avril 2019, sur les anciens combattants handicapés, que l'on pourrait considérer comme étant atteints d'une incapacité moyenne, étant donné que l'écart sur le plan de l'indemnisation financière est encore plus marqué.
Prenons, par exemple, un ancien combattant dont l'invalidité a été évaluée à 35 % :
Il est important de savoir que lorsqu'un ancien combattant gagne 66-2/3 % de la solde qu'il retirait avant sa libération, il n'est plus admissible au programme d'assurance invalidité de longue durée ni à la prestation de remplacement du revenu (PRR) et que, étant donné que son incapacité n'est pas considérée comme étant « grave et permanente », l'ancien combattant n'est pas admissible à la nouvelle indemnité supplémentaire pour souffrance et douleur.
Ainsi, une analyse de comparabilité pour les vétérans pensionnés à 35 % serait comme suit selon les régimes de pensions alternatifs.
Prestations (35 pour cent par mois) | Vétéran qui vit en couple et a deux enfants | Vétéran qui vit en couple | Vétéran célibataire |
Pension d'invalidité | 1 503,00 $ | 1 273,00 $ | 1 018,00 $ |
Prestations (35 pour cent par mois) | Vétéran qui vit en couple et a deux enfants | Vétéran qui vit en couple | Vétéran célibataire |
Indemnité pour souffrance et douleur | 410,00 $ | 410,00 $ | 410,00 $ |
Soulignons que cette analyse fait ressortir le très grand écart financier qui existe pour ce type d'ancien combattant atteint d'une incapacité moyenne. Il est indispensable de reconnaître que plus de 80 % des anciens combattants handicapés assujettis à la Nouvelle Charte des anciens combattants/Loi sur le bien-être des vétérans appartiennent à cette catégorie d'indemnisation. Malheureusement, il est évident qu'il existe encore deux catégories distinctes d'anciens combattants pensionnés, et cette réalité demeure inacceptable pour l'ensemble de la communauté des anciens combattants.
Finalement, étudions les incidences sur cette analyse si les propositions du CNAAC étaient intégrées à une version améliorée de la Nouvelle Charte des anciens combattants/Loi sur le bien-être des vétérans.
Prestations (35 pour cent par mois) | Vétéran qui vit en couple et a deux enfants | Vétéran qui vit en couple | Vétéran célibataire |
Indemnité pour souffrance et douleur | 410,00 $ | 410,00 $ | 410,00 $ |
Indemnité supplémentaire pour souffrance et douleur | 535,00 | 535,00 | 535,00 |
Prestation pour les familles (Loi sur les pensions) | 485,00 | 255,00 | 0,00 |
Total | 1 430,00 $ | 1 200,00 $ | 945,00 $ |
En bref, cette combinaison de prestations plus généreuses que propose le CNAAC contribuerait grandement à éliminer la discrimination qui existe présentement entre la Loi sur les pensions et la Nouvelle Charte des anciens combattants/Loi sur le bien-être des vétérans et représenterait une avancée considérable dans la réforme des lois s'appliquant aux anciens combattants, respectant ainsi la philosophie « un vétéran, une norme » pour la population de vétérans handicapés du Canada.
Notre prise de position repose sur le principe fondamental suivant : nous aimerions croire en la possibilité que le gouvernement puisse être convaincu que, au lieu de choisir l'un ou l'autre des régimes législatifs, il faudrait reprendre les meilleures parties de la Loi sur les pensions et les meilleures parties de la Nouvelle Charte des anciens combattants/Loi sur le bien-être des vétérans pour produire un meilleur modèle d'indemnisation et de bien-être qui serait appliqué à l’ensemble des anciens combattants handicapés du Canada.
Alors que les Canadiens font face à des élections dans un avenir rapproché, nous soulignons le fait qu'il y a presque 700 000 anciens combattants au Canada aujourd'hui et lorsque l'on prend en considération les membres de la famille, les amis et les sympathisants, cela équivaut à un nombre considérable de votes qui n'est pas à négliger. La question fondamentale demeure la même : « Quel parti fédéral prendra la défense des vétérans pendant la campagne électorale et se penchera enfin sur « l'éléphant dans la pièce »?
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